L’essor des politiques cyclables en France est un témoignage fascinant de la transformation des pratiques de mobilité et de loisirs. Des premiers aménagements des années 1970 à l’avènement des réseaux européens et nationaux de véloroutes et voies vertes, cette histoire est marquée par des initiatives locales, des acteurs déterminés et des progrès techniques continus.
Dans les années 1970, le cyclotourisme commençait à émerger comme une activité populaire, mais les infrastructures adaptées restaient rares. En 1976, les articles de Michel Delore dans Le Monde proposaient une vision révolutionnaire, décrivant un réseau embryonnaire de pistes en plaques de béton dans les Landes, vestiges d’anciennes infrastructures militaires. Ces textes ont contribué à créer un mythe autour de ces chemins et à susciter l’intérêt pour le cyclotourisme.
En parallèle, des structures dédiées au développement du vélo voyaient le jour :
Le tournant des années 1990 a vu l’émergence des concepts modernes de véloroutes. En Suisse, des livrets proposaient déjà des itinéraires cyclables interurbains, tandis qu’aux Pays-Bas, des réseaux comme le LF1 Noordzee-route devenaient emblématiques. En France, la FFCT (Fédération Française de Cyclotourisme) introduisait le concept de « cycloroutes », principalement destinées à des cyclistes sportifs.
C’est sous le mandat de Michel Barnier, ministre de l’Environnement en 1994, que l’idée de « véloroutes » prend forme. Bien que le terme soit emprunté à un concept existant, il catalyse la création d’un comité national de suivi de la politique vélo, marquant un engagement public sans précédent.
Cette période voit également :
L’année 1997 constitue une étape cruciale avec la création de la voie verte Givry-Cluny en Bourgogne. S’étendant sur 44 km, elle est le fruit du travail d’André Gentien, maire de Buxy.
Cette réalisation phare inspire la création de l’AF3V (Association Française des Véloroutes et Voies Vertes ) et l’organisation des Premières Rencontres Européennes des Chemins du Rail, débouchant sur la fondation de l’AEVV (Association Européenne des Voies Vertes ).
En 1998, le gouvernement français adopte un schéma national des itinéraires cyclables, marquant un tournant dans l’institutionnalisation des politiques cyclables. Jean-Marie Tétart, fonctionnaire au ministère de l’Équipement, joue un rôle essentiel dans cette élaboration, prévoyant un maillage cohérent intégrant les voies vertes dans les contrats de plan État-région.
Les avancées suivantes consolident ce cadre :
Parallèlement, la création de l’association Vélo & Territoires en 1999 s’est avérée déterminante. Ce réseau, regroupant initialement des départements, joue un rôle clé dans la mise en œuvre des projets cyclables en assurant la coordination entre les différentes collectivités territoriales.
La période 2007-2017 est marquée par une multiplication des acteurs impliqués :
Cependant, la disparition de la MN3V en 2014 marque un recul de l’engagement direct de l’État. La gouvernance des véloroutes repose désormais sur des entités régionales et des associations citoyennes, mettant en lumière des disparités territoriales dans l’aménagement et l’entretien des réseaux.
Vélo & Territoires devient alors un acteur central dans cette nouvelle configuration, jouant un rôle d’interface entre les collectivités et les pouvoirs publics. L’association s’attache à harmoniser les approches et à plaider pour des financements accrus.
Parallèlement, la démarche France Vélo Tourisme est impulsée en 2012 par l’État français pour promouvoir le tourisme à vélo. L'association est fondée par des experts du tourisme et de la filière vélo, rejoints par les trois grandes fédérations touristiques représentant les territoires et aujourd'hui toutes regroupées au sein d'ADN Tourisme (Fédération nationale des organismes institutionnels de tourisme)
Elle assure depuis des missions de promotion / communication, de mise en place du label Accueil Vélo, d'harmonisation de la signalisation / numérotation des itinéraires, de développement de nouveaux itinéraires interrégionaux et d'observation économique du marché
Depuis 2017, plusieurs initiatives ont renforcé l’attractivité et l’accessibilité des infrastructures cyclables :
Les structures existantes continuent de jouer un rôle clé dans ces évolutions :
Vélo & Territoires, qui a désormais élargi son réseau à près de 220 adhérents, est à l’avant-garde de ces transformations. En intégrant les principes du programme France 2030, l’association participe activement à définir les priorités stratégiques nationales :
Le 1er janvier 2025 marquera une étape importante avec la fusion de Vélo & Territoires et du Club des Villes et Territoires Cyclables pour former le Réseau Vélo et Marche , une structure encore plus robuste pour représenter les collectivités engagées dans les mobilités actives.
Malgré les avancées, plusieurs enjeux subsistent :
Le programme France 2030, avec sa vision ambitieuse, constitue une réponse à ces défis. Co-rédigée avec des représentants des collectivités, des acteurs du tourisme, de la mobilité et des usagers, cette vision partagée fixe un cap clair :
Avec des objectifs comme le quadruplement des financements et l’achèvement des grands schémas cyclables, ce programme incarne une volonté forte de hisser la France au premier rang mondial du tourisme et des mobilités cyclables. La fusion imminente des deux grandes associations en 2025 est également porteuse d’espoir pour une meilleure coordination et une gouvernance plus efficace.